Good leader vs bad leader, pourquoi est-ce si important en innovation ? Le récent tumulte chez OpenAI, marqué par l’éviction de Sam Altman, son ancien PDG, met en lumière les défis du leadership dans le monde de la technologie d’aujourd’hui. L’épisode soulève une question fondamentale :

comment un leadership inadéquat peut pousser des employés talentueux à quitter et à créer leurs propres entreprises ?

Dans ce cas, Sam Altman est considéré un “good leader”. Mais l’histoire de la Silicon Valley a connu un épisode similaire mais avec “mauvais leader” : le cas des “Traitorous Eight”.

Les “Traitorous Eight” : un cas d’école

Les “Traitorous Eight” étaient effectivement un groupe d’ingénieurs brillants travaillant pour Shockley Semiconductor Laboratory, une entreprise dirigée par William Shockley, co-lauréat du Prix Nobel pour la co-invention du transistor. Ces huit ingénieurs étaient Julius Blank, Victor Grinich, Jean Hoerni, Eugene Kleiner, Jay Last, Gordon Moore, Robert Noyce, et Sheldon Roberts.

Leur départ de Shockley Semiconductor en 1957 est un événement marquant dans l’histoire de la Silicon Valley. Il était principalement motivé par le style de gestion autoritaire et parfois erratique de William Shockley. Shockley était connu pour ses théories controversées et son style de gestion qui était considéré comme difficile et oppressant. Ces facteurs ont créé un environnement de travail tendu et ont finalement conduit à un exode massif de talents.

Après avoir quitté Shockley, les “Traitorous Eight” se sont associés avec le financier Sherman Fairchild pour créer Fairchild Semiconductor. Cette nouvelle entreprise a joué un rôle crucial dans l’essor de la Silicon Valley. Elle a été pionnière dans le développement et la commercialisation de transistors et de circuits intégrés, qui sont les fondations de l’électronique moderne.

Fairchild Semiconductor a non seulement été un succès en soi, mais a également servi de pépinière pour de futures entreprises innovantes. Plusieurs des “Traitorous Eight” et d’autres employés de Fairchild ont ensuite fondé leurs propres entreprises, contribuant ainsi à l’explosion de l’innovation dans la Silicon Valley. Parmi les entreprises notables issues de Fairchild, on trouve :

  • Intel, co-fondée par Gordon Moore et Robert Noyce. Intel est devenue l’un des plus grands fabricants de puces au monde et un leader dans le développement de microprocesseurs.
  • AMD (Advanced Micro Devices), fondée par Jerry Sanders, un ancien employé de Fairchild.
  • Kleiner Perkins, une firme de capital-risque co-fondée par Eugene Kleiner, qui a joué un rôle majeur dans le financement de nombreuses startups technologiques.
  • National Semiconductor, fondée par plusieurs anciens employés de Fairchild.

Le départ des “Traitorous Eight” illustre comment un leadership inadapté peut provoquer une perte significative de talents, mais également comment ces talents, une fois libérés des contraintes d’un mauvais leadership, peuvent réaliser des innovations extraordinaires. Leur héritage se perpétue à travers les nombreuses technologies et entreprises qu’ils ont aidé à créer, façonnant l’industrie technologique telle que nous la connaissons aujourd’hui.

OpenAi ou l’importance d’un “good leader”

La clé pour éviter de telles pertes et pour favoriser l’innovation est un leadership efficace et visionnaire. Un bon leader doit être capable de mobiliser et d’inspirer son équipe. Il doit également être prêt à prendre des risques calculés. Dans le cas d’OpenAI, Sam Altman a été mis dehors par son conseil d’administration.

En suggérant qu’il ferait un coup “à la Fairchild”, Sam Altman a effrayé l’actionnaire principal Microsoft mais aussi tous les employés qui ne voulait pas rester dans une future “Shockley Semiconductor”

Un tel leader non seulement a su créé des liens si forts avec les talents de l’entreprise, qu’il pourrait les convaincre de le suivre dans une nouvelle entreprise entrepreneuriale.

Innovation et Politique : même combat

La leçon tirée du cas de Sam Altman chez OpenAI et des “Traitorous Eight” a des implications plus larges que pour l’innovation. Le monde politique peut s’inspirer des organisations à but lucratif qui sont menés par d’excellents leaders. Dans un monde perturbé, les politiques auraient tort de ne pas étudier comment et pourquoi des leaders maintiennent leur position, non par la ruse, mais par une cohésion forte des membres d’une organisation, persuadés du but à atteindre. Un leadership efficace et éclairé autour de valeurs fortes et d’une vision claire sont sûrement le fruit d’un courage trop rare chez nos dirigeants.