Callon et Latour ont une vision sociologique de l’innovation. Cet aspect nous aide à comprendre pourquoi la technique ne fait pas tout.
Le réseau socio-technique
Le concept-clé de Callon et Latour est l’acteur-réseau, où l’entrepreneur n’est pas l’unique protagoniste avec ses qualités individuelles, mais plutôt définit par la structure de son réseau. Les individus transgressent les structures imposées par des interactions au sein de leur réseau. Cette vision structurelle de l’innovation contredit l’organisation hiérarchique de certaines entreprises.
L’impact de entrepreneur ne dépend pas de ses caractéristiques propres mais des interactions entretenues au sein de son réseau.
L’apport majeur de Callon et Latour réside dans l’ajout dans le réseau de rôles non-humains, appelés “acteurs non-humains”. Ces acteurs non-humains sont des artefacts techniques comme des objets, des rapports ou des instruments. L’ensemble des acteurs humains et non-humains sont des actants et forment le réseau socio-technique.
L’acteur-réseau : coeur de l’innovation
L’innovation se produit lorsque des liens, des interactions sont créées entre les actants, notamment quand des interactions non intuitives se font. L’innovation n’émane pas de l’entrepreneur lui-même, mais quand l’entrepreneur monopolise son réseau (y compris non-humains).
Pour que les interactions incongrues se produisent, une “traduction” est nécessaire pour expliquer le lien fait entre deux différents domaines. Par exemple, une traduction est nécessaire pour expliquer le lien fait entre les technologies blockchains et les services financiers.
Pour une “traduction”, il faut un “traducteur”, une personne qui puisse expliquer la controverse entre deux domaines, en ancrant le problème dans son contexte. Le rôle principale du traducteur est de créer une cohésion, une équipe autour du projet d’innovation. Porter un projet n’est pas aisé car, puisqu’il est projet, il n’est pas concret. Le temps aide le projet en le concrétisant.
Callon et Latour voient l’innovation comme un processus “chemin-faisant” et non comme un projet avec un agenda rigide.
Enfin, derrière toute action, il y a une motivation. L’innovation est aussi motivée par des incitations au sein de son réseau. En opposition, certains croient en la diffusion des innovations, ce qui suppose que la supériorité technologique est toujours suffisante. Cette représentation suppose que les utilisateurs vont choisir l’innovation car elle est “meilleure”. Callon et Latour pense que cette dernière est adoptée par les actions du porte-parole.
Le porte-parole : acteur-clé de l’innovation
Au début de chaque innovation, le cercle autour du porteur de projet est limité. Un porte-parole est nécessaire pour faire entendre le projet, en s’exprimant de la part de tous les actants idéalement, ou bien pour un segment d’actants. Le porte-parole permet de personnifier le projet et d’éviter que tous les actants (qui le peuvent) communiquent sur le projet en ordre dispersé. Il canalise ainsi la communication du projet.
Le porte-parole peut aussi être non humain, comme un brevet. Surtout, il est nécessaire que le porte-parole ait des audiences pour être entendu pour que l’innovation gagne en compréhension et en visibilité.
En conclusion, les différents acteurs du projet doivent être représenté par un porte-parole, surtout s’il ne peuvent pas s’exprimer (utilisateurs potentiels par exemple).
L’innovation ne se diffuse pas, elle doit être adoptée
Le modèle de la diffusion repose sur une vision de la prépondérance technologique où les caractéristiques propres sont les facteurs du succès d’une innovation. Si la solution est meilleure, elle se diffusera d’elle-même.
Le problème réside dans la définition des critères de supériorité. Ces critères sont statiques et ne prennent pas en compte la géographie . Un solution objectivement meilleure ici ne signifie par qu’elle le sera partout. Surtout, les innovations ont rarement été adoptées dans leur version initiale.
Callon et Latour insiste sur un modèle d’adoption, où l’intéressement (ou motivation) joue un rôle-clé pour ajuster l’innovation initiale et ainsi en faire un succès.
L’innovation est un processus autour duquel des acteurs sont mobilisés pour que l’innovation soit adoptée par le réseau, où “l’amour” est nécessaire pour créer une adhésion au projet.
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